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"Propos sur la poésie" Paul Valéry

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"Propos sur la poésie" Paul Valéry Empty "Propos sur la poésie" Paul Valéry

Message  Radio Ragôts Dim 12 Déc - 19:20

Paul Valéry

Variété, « propos sur la poésie »


Définition de la poésie
Le mot couvre deux significations (deux fonctions):
- Un genre d’émotions, provoqué par des circonstances, objets divers (paysage poétique…)
- Un sens plus étroit : l’art de reconstituer cette émotion désignée dans le sens 1.
Le poète vise à « restituer l’émotion poétique à volonté », « au moyen des artifices du langage ». Mêmes relations qu’avec le chimiste qui tente de reconstituer le parfum d’une fleur.
WARNING : les deux idées sont souvent mélangées, faussant nbre de jugements, théories…


L’émotion poétique
L’émotion de l’H devant coucher de soleil, mort, etc. est un « retentissement intime » qui se distingue des autres émotions humaines. Comment ? Objet de notre recherche.

Opposition émotion poétique/ émotion ordinaire. Cependant les 2 se combinent et la frontière est difficile à cerner ; l’émot° poétique est sensation d’univers, mais nos intérêts et affections particulières s’y mêlent.

Sensation d’univers : l’émot°(ou état) poétique consiste en percept° naissante du monde(syst complet de rapports entre les êtres, choses, événement, ressemblant à ceux du monde sensible) sont ds une relation « indéfinissable mais merveilleusement juste, avec les modes et lois de notre sensibilité générale ».
 Ces objets et êtres changent alors de valeur, ils s’associent différemment, se musicalisent, « résonants l’un par l’autre ». L’univers poétique ainsi défini présente grandes analogies avec univers du rêve.
WARNING : confusion à partir du Romantisme : le rêve n’est pas nécessairement poétique.
Cependant similarité : lors du rêve, conscience envahie par des « productions » bien différentes de l’activité habituelle de l’esprit. Des choses réelles sont représentées mais modifiées par notre sensibilité. Il en va de même pour l’état poétique : irrégulier, inconstant, involontaire, fragile ; on le perds de plus par accident. Parfois ces émot° de se manifestent pas. « Le hasard nous les donne, le hasard nous les retire ».

L’H à la volonté de conserver les choses éphémères et belles. A donc cherché à fixer, ressusciter les plus purs états, leur vibration, extase…
Les procédés de conservat° inventés ont heureusement permis de développer et enrichir les fragments de vie poétique donnés à l’homme. « Extraire du tps ces formations fortuites ».
Tous les arts ont été créés pour faire de l’éphémère une infinité. Musique, peinture, architecture… Parmi ces moyens, le plus ancien, immédiat et complexe est le langage.
Difficulté provient du caractère abstrait, intellectuel (indirect) et pratique du langage.
« Il n’y eût jamais eu de poète si l’on eût conscience des problèmes à résoudre ».
De même personne ne pourrait apdre à marcher si pour cela il fallait se représenter et avoir clairement l’idée de chaque élément de chaque pas.

On considère ici les vers comme impossibles à faire ; l’on va tâcher de montrer les difficultés auxquelles se heurte le poète.
Règles de la langue sont à la fois « jouets et instruments de torture ». Freins à l’originalité du poète (« altérations d’origine personnelle »). De plus le rapport à la langue de chacun d’entre nous crée une incertitude, un risque d’erreur vis-à-vis des « possibilités musicales, propriétés du poète », qui sont ses qualité de langage les plus importantes.
Le langage est imprécis. « Il n’a rien d’un moyen de poésie ».
En somme, le poète doit utiliser la langue « pratique » à des fins non pratiques. Par un moyen anonyme il doit « exalter, exprimer sa personne en ce qu’elle a de plus pur et de singulier ».

Comparaison entre le poète et le musicien :
Le musicien est « privilégié ». Tout est déjà prédéfini : ses moyens, la matière sur laquelle il travaille. La musique « préexiste et l’attend ».
Comment s’explique cette institution de la musique ?
 Nous vivons dans un univers de bruits. L’oreille perçoit de leur ensemble l’ensemble des bruits très simples, qui lui servent de repère, et dont les relations réciproques sont intuitives : on perçoit ces relations aussi nettement que les éléments eux-mêmes. Ex : l’intervalle entre 2 notes est aussi sensible qu’une note elle-même.
Ces sons se combinent selon des structures qui s’imposent. On distingue le son du bruit, on perçoit le contraste entre eux.
L’analyse de ces bruits a permis constitution de la musique et exploitation des sons, unifiée, codifiée, contrôlée, grâce à la science physique (science des mesures), qui dès l’antiquité a su adapter la mesure à la sensation, au moyen d’instruments qui st en réalité instruments de mesure.
Le musicien peut donc construire à partir de ces éléments déjà prédéfinis sans se soucier de la matière et de la mécanique de son art.
La musique a donc un domaine propre, bien séparé du monde des bruits.
Ex : si dans une salle où l’on parle et divers bruits se font entendre, une note apparaît, on l’entendrait bien distinctement, et cette perception s’accompagnerait d’une sensation de commencement. Alors nouvelle atmosphère se créerait et nos attentions s’organiseraient pour l’accueillir et engendrer des sensations de même espèce (pureté) que la sensation reçue.
Contre-épreuve : une chaise qui tombe pendant un concert : impression de rupture.
Tout cet univers de sons est offert au compositeur par la nature de son art.

Quant au poète, il suit un objet similaire à celui du musicien, sans trouver ses avantages.
Il doit emprunter ce langage ordinaire, bizarrement codifié, introduit, interprété. Aucun physicien n’a déterminé pour le poète des propriétés constantes des éléments de son art, des moyens de mesure… Au contraire, le langage est fluctuant phonétiquement et significativement. L’act° du mot est un mélange d’excitations sensorielles et psychiques, qui varient selon les individus ; autant de sons différents que de provinces en France et d’H ds les provinces ; plusieurs sons, ds la mesure où un mot ne suggère pas les mêmes images à tous.

La parole est chose complexe ; combinaison de propriétés liées ds le fait et indépendantes par nature et fonction. La logique ne va pas forcément de pair avec la beauté, le rythme.
 Preuve de cette multiplicité : bcp de moyens différents d’étudier un texte : phonétique, syntaxe, rhétorique, métrique, sémantique, étymologique…
Le poète doit satisfaire aux deux : musicalité et logique, grammaire.



Deux aspects de l’art littéraires : prose et vers.
Exemple de Malherbe qui assimilait la prose à la marche et la poésie à la danse.
 La marche comme la prose a un objet précis. Elle est acte dirigé vers un but précis, dont toutes les propriétés (vitesse, direction) découlent des circonstances (nature du terrain, état de l’objet, nature de mon désir…) et se combinent singulièrement : il n’y a pas deux déplacements identiques ; mais chaque fois créat° spéciale, à chaque fois abolie et absorbée dans l’acte accompli.
Quant à la danse elle trouve sa fin en elle-même. Elle ne poursuit rien qu’un fantôme, un idéal, une volupté… Elle n’est pas un mouvement utilitaire.
Cependant elle use des mêmes membres, des mêmes organes, os, muscles, nerfs, que la marche même. De même pour la poésie envers la prose…


La poésie et la prose se distinguent dc par la différence de lois ou conventions de mouvement et fonctionnement appliqués à des mécanismes et éléments identiques.
Il faut donc se garder de raisonner en poésie comme en prose.
Exemple de la pluie :
L’objet du poète n’est jamais de nous apprendre qu’il pleut. Les formes complexes, les expressions indirectes du poète ne st objet de reproche que pour celui qui confond les genres.
« La poésie implique une décision de changer la fonction du langage »

Retour à l’H qui marche. Une fois son mouvement accompli, l’objet de son désir atteint, seul le résultat demeure, sa démarche disparaît, absorbée dans l’acte accompli.
Ainsi le boiteux qui gagne péniblement le fauteuil n’en est pas moins assis dedans que celui qui ira s’y installer d’un pas léger. De même pour la prose : le langage s’évanouit à peine son office accompli. Le sens remplace alors le discours.
Celui qui n’a pas compris le discours répète les mots.
Le poème, lui, est « fait expressément pour renaître de ses cendres ». La poésie se reconstitue telle quelle dans nos esprits.
Le sens passe par la forme même de laquelle il procède. Entre son et sens, poème et état de poésie, égalité de valeurs, pouvoirs. Principe essentiel de la mécanique poétique.

La différence entre l’action du poème et l’action du récit est d’ordre physiologique.
Le roman emporte l’esprit, nous hallucine, le corps disparaît.
Le poème demande une participation complète ; elle cherche l’harmonie de la personne vivante, sans laisser aucun puissance de l’H à l’écart.

Etudions maintenant l’opération de composition du poète :
Comment faire des vers ? Il suffit d’être inspiré. Examinons cette réponse naïve.
- Dans ce cas, soit la production poétique est fruit du hasard, soit elle procède d’une communication surnaturelle ; le poète est alors réduit à un petit rôle passif, une urne où s’agitent des billes ; soit le contraire d’un Moi.
Le poète se contenterait donc d’un état de médium ?
Non ; le poète a une qualité spéciale, une énergie propre, mais qui n’existe ou ne peut agir que par brèves manifestations. Un beau poème est un monument de labeur, d’analyse, d’intelligence et de travail soutenu.
De plus ce qui vaut pour un seul ne vaut rien. L’énergie du poète, quand elle se manifeste, est absence, merveilles mêlées d’impureté qu’il faut séparer pour les fondre en un joyau.

Le désir suprême du poète « ne peut être que d’introduire quelque âme étrangère à la divine durée de sa vie harmonique, pendant laquelle se composent les formes […] »

L’inspiration appartient et est destinée aux lecteurs, de même qu’il appartient au poète de faire attribuer aux dieux son ouvrage.
« L’objet même de l’art est de communiquer l’impression d’un état idéal dans lequel l’homme qui l’obtiendrait serait capable de produire spontanément, sans effort, sans faiblesse, une expression magnifique et merveilleusement ordonnée de sa nature et de nos destins ».
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